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L’islamisme et nous : penser l’ennemi imprévu
Écrit par Pierre-André Taguieff
Analyse du magazine « Causeur » : « Disons-le d’emblée : le nouveau livre de Pierre-André Taguieff L’islamisme et nous : penser l’ennemi imprévu (CNRS éditions, 2017) est un ouvrage majeur pour nous sauver, en tant que nation et civilisation, d’un XXIe siècle qui s’annonce très dangereux ».
Une biopsie de l’islamisme
Bien sûr, l’islamisme n’est pas le seul grave danger qui menace l’existence et la liberté de notre nation, et il faut mentionner encore : 2) le mondialisme, l’abaissement de la démocratie et la ploutocratisation, 3) la surpopulation et les flux migratoires, 4) la pollution et l’épuisement des ressources. Mais comment ne pas voir les corrélations entre ces quatre périls planétaires ? Et surtout comment ne pas s’alarmer désormais d’une lancinante menace criminelle, insupportable, que nos stupides dirigeants successifs ont passivement laissé s’installer dans nos rues, nos écoles nos promenades, nos lieux de spectacle, de transport ou de culte ?
e philosophe, à la fois révulsé, calme et profond, effectue une biopsie scientifique et sans faiblesse du phénomène islamiste. Il fallait d’ailleurs tout ce travail, très accompli, pour ne pas risquer d’être dénoncé par les inquisiteurs islamo-gauchistes qui ont érigé l’islamophobie, hors de toute qualification pénale sérieuse, en une sorte de crime religieux de type blasphématoire. Plus de 600 notes et citations précises transforment l’impeccable enquête de Taguieff en un réquisitoire implacable. L’œuvre est intellectuellement si riche que l’on peinerait à la résumer. Néanmoins quelques acquis s’en dégagent. Si vrais et si denses que bien peu de médias à ce jour se sont risqués à les relater avec exactitude, d’autant que le style riche, précis, et la démonstration scientifique découragent par avance toute critique bâclée.
Islam et islamisme
L’islamisme n’est absolument pas étranger à l’islam; il en est encore aujourd’hui une conséquence, quoique quelques penseurs musulmans, courageux mais isolés, proposent de le séparer du corpus religieux principal. Le passage d’un islam quiétiste (et laïco-compatible) à l’islamisme est imperceptible, et justifié par les sectateurs au moyen d’arguments textuels qui, pour si archaïques qu’ils puissent paraître à des esprits non musulmans (80% de l’humanité), ne sont malheureusement guère réfutables sur le plan du dogme religieux traditionnel, verrouillé.
Quant au passage de l’islamisme ordinaire à l’islamisme criminel, il s’effectue là aussi d’une façon indécelable, et assez logique au plan du raisonnement interne de la religion et de sa geste historique… Les textes anciens et la tradition (sahis, sunna), la littérature des Frères musulmans, le wahhabisme politique et d’État, les appels tant au jihad et au meurtre des juifs et des chrétiens par les organisations islamistes contemporaines qu’à la prise de pouvoir sur les pays européens, tout ceci qui a été écrit et publié par les islamistes, est patiemment analysé, décrit et résumé rigoureusement par Taguieff. L’islam, s’il n’est contenu ni par la raison humaine, ni par un cadre politique nécessairement strict, est par nature guerrier et s’affirme ostensiblement comme tel. Et donc, quels que soient les moyens envisagés et mis en œuvre, l’islamisme se donne vocation à prendre le pouvoir non seulement dans ses contrées d’origine mais encore dans tous les pays du monde. L’ennemi juif et chrétien – ou leurs complices régnants – est censé persécuter les musulmans. Cette victimisation, assénée et mise en scène, justifierait donc une légitime riposte contre l’Occident en général, la France colonisatrice en particulier.
Une lecture racialiste du choc des civilisations
L’islamisme fait une lecture historique et racialiste du choc des civilisations en s’inspirant des analyses de Samuel Huntington tout en les trahissant. Les idéologues islamistes intègrent cette vision de la guerre inter-civilisationnelle comme un fait acquis dont ils tirent toutes les conséquences.
Or face à ce phénomène d’assassinats de civils innocents dans des pays en paix, et de génocide des minorités du champ d’opérations, on constate un véritable déni (au sens psychanalytique du terme) par l’Occident, notamment dans sa « basse intelligentsia », comme l’appelle Régis Debray, qui refuse de façon la plus butée d’en reconnaître la dimension religieuse.
Les centaines de civils assassinés en Europe (près d’un millier) et les milliers de blessés nous obligent, désormais, à observer comment nous réagissons ou devrions réagir contre ceux qui revendiquent être nos ennemis.
« Tuer le Blanc »
Après avoir étudié « l’ennemi imprévu », Taguieff analyse longuement, de façon très pénétrante, nos réactions face à cet ennemi imprévu. Il recense plusieurs types de réactions, qui vont du déni à la complicité revendiquée et arborée. Il y a d’abord, en France, écumant de haine hystérique, le prétendu « Parti des indigènes de la République » qui ne se démarque pas franchement de l’islamisme et qui lui-même ne condamne pas les appels au crime du Manuel de Manchester et de sa logique très proche du nazisme. Outre la défense de la Palestine (qui aurait pu être justifiée autrement), le PIR clame que « la république est une religion islamophobe »! Sans réaction du président de la République.
Toujours parmi ces détenteurs dénaturés de la nationalité française, s’élabore une agressivité anti-Blancs, les « Blancs » étant ravalés au rang d’ethnie concurrente, en perte de vitesse, sur un territoire banalisé, ouvert, sur lequel ils n’ont guère plus de légitimité. Le vocabulaire est sans équivoque : « abattre un Européen », « tuer le Blanc », « la haine raciale n’est-ce pas un sentiment blanc ? ». Indulgence ou éloge du meurtre, ou simple exacerbation de la haine raciale lorsque, en toute impunité, le Bondy Blog reprend un texte de rappeur qui accuse la France de crimes ?
Des psys-à-tout-faire
Ces boutefeux non seulement vivent dans l’impunité mais encore s’attirent la bienveillance de « sous-chiens » (sic) authentiques : soit de simples bobos (« basse intelligentsia ») au cerveau détérioré par 40 ans de lecture non critique de Libé ou du Monde, pratiquant avec dévotion les rituels de la secte de la pensée unique ; soit, pire, des islamo-gauchistes, ou islamo-fascistes, fous de haine qui fantasment de conduire la nation à la guerre civile en affirmant qu’elle a commencé et qu’ils sont attaqués. Cette maladie intellectuelle se décline en divers sous-types : le sous-type branché-médias qui croit chic-parisien d’inviter des ennemis de l’Occident et des libertés, mêmes habiles comme Ramadan, à parler à des millions de téléspectateurs ; le sous-type anti-islamophobe (ou islamophile) qui, pour bien montrer qu’il est anti-extrême droite, valide de ce fait tout ce qui est lié à l’islam (la prétendue « religion des pauvres »), et même, en cas de crimes, s’efforce d’écarter sans examen, ou de minimiser, la motivation religieuse. En général, ces piliers de plateaux télés (par copinages de toutes natures), paresseux, arrogants et incultes ne connaissent rien à l’islam pour avoir été incapables de l’étudier. On y trouve aussi des psys-à-tout-faire pour qui la riposte adéquate à l’engagement de jeunes des cités aux côtés des génocidaires du Moyen-Orient est le séjour tous frais payés en pension de dé-radicalisation (le Château de Pontourny…).
50% de jeunes musulmans en rupture de ban
Alors, nous demande Taguieff, par l’effet de quelle faiblesse intellectuelle ne faisons-nous rien face au projet ouvertement proclamé de nous détruire ou de nous dominer ? Et d’ailleurs que faire alors qu’en France, selon l’Ifop, 28% des musulmans adhèrent à une conception de l’islam inconciliable avec la République et que 50% des jeunes musulmans se considèrent comme sécessionnistes ? À ces interrogations Taguieff répond qu’il faut « penser cet ennemi imprévu », ce qu’il fait de façon profonde et forte, en nous proposant 17 idées énergiques résumant sa position philosophique dont nous tenterons une synthèse : l’islamisme n’est pas étranger à l’islam (même si tout musulman n’est pas islamiste), mais le trouble vient du fait que tous – musulmans et islamistes – se fondent sur les mêmes textes. Toutes les formes d’islamisme ont pour but central de contraindre toutes les nations à obéir à l’ordre islamique, dans lequel les non musulmans seront inférieurs, les femmes séparées et inférieures, ce dont leur voile est la symbolisation. Le but ultime est l’instauration du califat universel, par tous les moyens y compris le jihad et l’assassinat aveugle. Les islamistes prétendent qu’ils ne font que se défendre contre un ennemi occidental, juif, blanc, chrétien, « croisé » (sic), colonialiste et mécréant. Impur et inférieur. Le rejet de l’islamisme, de son projet totalitaire criminel, n’est pas de l’islamophobie (cet artefact idéologique) mais de la légitime défense. En réalité, si l’Occident résiste aussi mal, c’est parce qu’il lui manque l’intelligence du phénomène islamiste et qu’il se laisse impressionner et intimider. Il faut rétablir la liberté pour les musulmans et les non musulmans de parler de l’islam comme de toutes les religions.
Quatre leçons sur la société
Les trois valeurs qui font l’essence de l’Occident, notre chair morale collective et consensuelle, et qui seules peuvent conduire l’humanité vers son salut et vers la paix sont :
Les islamistes veulent éliminer ces valeurs et remplacer :